Une lecture thérapeutique de l’espace dans la cantatrice chauve et la leçon de Ionesco
Abstract
Le théâtre est un art hybride qui recoupe le domaine du littéraire tout en l’excédant.
Le texte de théâtre est par nature un objet non fini, en attente d’achèvement par la
représentation.
Etymologiquement, le mot théâtre signifie « lieu d’où l’on regarde ». Ce terme
désigne à la fois un moyen esthétique et offrir au spectateur une illusion, un lieu et un
texte. L’idée est de ne pas opposer le texte et le lieu de vision qu ‘est le théâtre, mais
de tenter au contraire de les réunir.
L’histoire du théâtre est unanime à reconnaître que le théâtre de l’absurde a
bouleversé le domaine de l’expression verbale et scénique.
En faisant abstraction de son sens vulgaire, l’absurde est défini comme une
attitude et un comportement adoptés à la suite de certaines réflexions qui révèlent
à l’homme la futilité et l’insignifiance de son existence. Il est l’aboutissement des relations ambiguës qu entreprend l’homme avec le monde d’une part, et avec son moi profond d’autre part.
Le texte de théâtre devient ainsi un lieu d’une spatialité où se déploient les rapports physiques et psychiques entre les personnages.
Avant d’entamer l’objet de notre étude, nous rappelons que notre cadre de référence se situe en rapport avec la psychanalyse freudienne et avec ce cheminement de l’appareil psychique dans ses formalisations spatiales.
Chez Freud, la première topique du moi est divisée en zones : conscient, inconscient, préconscient. Eléments qu’on retrouve définis à travers la théâtralité.
La deuxième topique du moi fait appel moins aux localisations qu’aux instances : le moi, le ça, le surmoi. L’espace scénique devient le lieu des conflits internes. Il peut apparaître comme un vaste champ psychique où s’affrontent des forces psychiques du moi. La scène est assimilée à un champ clos où sera isolé ce moi.
A la lumière de la théorie freudienne des pulsions, nous étudions la notion de l’espace dans deux pièces de Ionesco. Cette étude tente de démontrer combien les significations sexuelles latentes irriguent, nervurent le texte, et conclut à la victoire des forces obsessionnelles qui habitent le dramaturge à savoir la mort, l’étonnement et l’amour ; dans un espace en mutation permanente partant d’une construction vers une destruction.